Thomas Bernard Kenniff
Article publié dans Échelles, no.1, 2017
Lorsqu’on s’arrête à une halte routière, où s’arrête-t-on, exactement ? Au Québec, le long de l’autoroute transcanadienne, de grands panneaux bruns, du brun des panneaux « attraits publics », nous indiquent l’accès à des espaces parallèles : toilette, table de pique-nique, conifère, café, téléphone, accessibilité universelle, eau potable (parfois). Les haltes n’affichent pas leurs noms ; noms administratifs qui font pourtant rêver : Halte des Hurons, Halte de L’Érable, Halte du Lac-à-la-Truite, Halte des Belles-Amours, Halte des Monadnocks. Ces noms pointent ailleurs, vers une géographie de l’invisible et de l’inconnu. Alors, où s’arrête-t-on, exactement? Ou, plus précisément, dans quoi s’arrête-t-on? Il y a bien, ici, un peu de nulle part? Et pourtant. S’arrêter dans une halte routière, c’est s’arrêter au cœur d’un agencement parmi lequel de multiples vecteurs identitaires glissent et se croisent. La halte routière révèle à ceux qui s’y intéressent ou s’y attardent, la forme de structures sociales, d’idéologies économiques, de distinctions sexuelles, d’expressions et de normes culturelles.
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