Dans le contexte d’aménagement régional, l’accès en personne aux services municipaux soulève des questions d’exclusion géographique et d’adaptation des installations architecturales au territoire desservi. L’actuel déplacement des services vers les plateformes en ligne et la dévaluation perçue de l’architecture civique remettent en cause l’importance de ces installations et leur rôle dans une culture politique durable. Le projet Aménager la proximité se penche sur la conception de deux types d’installations municipales du Québec : les hôtels de ville et les cours municipales. Compris en tant qu’interfaces architecturales entre la personne citoyenne et l’entité administrative, politique et judiciaire, ces aménagements d’une importance sociale capitale révèlent le fonctionne- ment de l’appareil municipal au sein duquel ils agissent et la manière dont celui-ci prend en charge la personne citoyenne.

Les villes choisies pour le projet représentent des cités régionales et des municipalités de centralité avec des populations de 3000 à 100000 habitants. L’analyse révèle, entre autres, la grande variété de formes architecturales d’interaction et comment celles-ci peuvent constituer, dans leur ensemble, des formes types allant au-delà de l’entité physique. Celles-ci sont constituées à travers les dispositions immédiates, les seuils entre l’espace public extérieur et l’espace public intérieur, les accueils ou l’aménagement des salles de conseils ou d’audience. L’étude révèle également l’importance de la disposition des bâtiments municipaux relative à l’existence d’un noyau urbain, à la trame et aux espaces transitoires entre la périphérie et le centre. L’échelle comme vecteur d’analyse fait ressortir la nécessité de réfléchir aux dispositifs architecturaux de manière transversale afin de comprendre le rôle qu’ils jouent dans les agencements urbains centrifuges ou centripètes, solidaires ou fragmentés, homogènes ou hétérogènes. Trois axes d’analyse sont donc privilégiés : l’échelle du bâtiment, ou les formes architecturales de l’interaction citoyenne ; l’échelle du noyau urbain, ou la relation de centralité des dispositifs ; et l’échelle de la ville, ou la répartition des services de proximité sur le territoire municipal.

Carte géographique des aménagements

À l’échelle de la municipalité, l’emplacement du bâtiment et sa relation à l’étendue de la ville sont de première importance. La proximité, ici, se définit en premier par la mesure des distances et des temps de déplacement, par la place qu’occupe le bâtiment dans la trame urbaine. Elle est également influencée par l’importance sociale du bâtiment; plus sa distance spatiale et temporelle moyenne grandit, plus l’importance du bâtiment de services publics est sujette au déplacement des services vers les plateformes en ligne et à la création d’incitatifs de déplacement. À cette échelle, la proximité municipale est la plus abstraite et la plus symbolique.

À l’échelle du quartier, notre recherche gravite autour de la question du noyau municipal et donc de la concentration des équipements et services publics, des institutions, et de la place de l’hôtel de ville dans ce noyau. L’intégration du bâtiment au cadre bâti, sa visibilité et son statut dans l’espace public, ainsi que sa relation à la rue affectent la transition d’une proximité architecturale à une proximité municipale.

Ce qui ressort de notre étude à l’échelle du bâtiment est l’articulation entre les espaces extérieurs et les espaces intérieurs publics, où chaque point de rencontre (accès, bureau, circulation, salle) devient un seuil entre la sphère sociale/publique et la sphère municipale/politique. La proximité se définit à travers ces seuils et les manières dont ceux-ci donnent forme à la rencontre entre la personne citoyenne et la personne représentante de la municipalité.